Un cri s’éleva de la Tanière. C’était un hurlement poignant de douleur. Tous les Loups attendaient à l’extérieur, dans la clairière, que cesse ces hurlements. Ils tremblaient tous de peur. Leur Chaman était resté à l’intérieur, et ils se demandaient ce qui pouvait bien se passer en ce moment. Lya était revenue, pour assumer son rôle de Prima Luwä et faire connaissance avec l’enfant.
Dans la chambre, allongée sur un drap blanc, Breizharwen criait de douleur. Kowü faisait tout pour qu’elle soit à son aise, et il lui donnait régulièrement à mâcher des branches de saule pour atténuer ses souffrances. La jeune femme écartait les jambes pour laisser le passage ouvert à son petit qui daignait enfin sortir. Le Chaman invoquait tout autant Luwö qu’il se servait de ses connaissances médicinales pour l’aider. C’était pour lui le moment le plus important de sa vie, ou presque s’il omettait le premier baiser qu’ils avaient échangés sa compagne et lui.
« Breizh ! Je vois sa tête ! »
La Louve avait le visage crispé, mais elle trouva le moyen de sourire. Elle respirait fort et lentement, ou du moins essayait. L’enfant serait là d’une minute à l’autre !
De l’extérieur, on entendit trois cris à la suite : tout d’abord celui de Breizh, le dernier, le cri de la délivrance. Ensuite, les gémissements et les pleurs d’un enfant, ce qui fit soupirer de joie tous ceux qui étaient présents. Enfin, un hurlement de joie bien masculin, celui du Chaman.
Kowü tenait dans ses bras ce petit être ensanglanté qui pleurait et s’agitait. Il avait la larme à l’œil. Breizh fermait les yeux, soulagée. L’enfant quand à lui ne comprenait pas ce qui lui arrivait ni toute l’agitation autour de lui.
« C’est une fille, Breizh ! C’est une jolie petite fille ! »
« Kyneth. » murmura Breizh…
Son compagnon la sépara de son enfant suivant le rituel Loup : il mordit le cordon ombilical jusqu’à ce qu’il fut coupé, puis il sectionna proprement à l’aide d’un couteau le reste, fermant cette voie ouverte vers l’intérieur du corps, espérant que l’essence de Luwö avait pu pénétrer son enfant. Il la lava ensuite, ce qui accentua les pleurs de l’enfant, lui apposa son Saïka en un endroit que l’enfant et lui seuls connaîtraient, et enfin il la confia tout ému à sa mère épuisée.
Kowü resta pour observer l’échange de regard entre Breizh et leur enfant, cet échange que seule une mère et sa fille pouvaient entretenir. Il sortit à l’extérieur, les laissant seules.
« Saluez ce jour, mes amis ! Breizharwen et moi sommes désormais parents ! Saluez la naissance de notre fille, Kyneth. »
Kowü s’approcha de Lya.
« Lya… Il faut que tu viennes. Il faut que tu sois liée au destin de notre fille. »