[VF1] [Kowu] Les voies de la mort

La forêt ! Enfin !
Les arbres !
Les odeurs !
Les Elfes dissimulés sous le couvert verdoyant !
Enfin chez eux !
« Kowu… Kowu… »
« Qu’y a-t-il Nävis ?
« Il faut leur apprendre. Il faut leur dire ce qu’il s’est passé là bas. »
« Je… Je vais le faire… »
Ils pénétrèrent enfin dans les bois, exténués par leur journée de marche. La mort de Haldamir était toujours présente donc leurs esprits, et la culpabilité le rongeait toujours.
ELLE l’avait prévenu. ELLE avait voulu l’empêcher de le faire. ELLE lui avait dit d’abandonner Nävis à son sort, dans cette tempête. Il avait égoïstement échangé une vie contre une autre.
Il reconnut tout de suite cette partie de la forêt. La Rivière Vive n’était pas loin…
Bientôt ils furent faces aux flamboyants remparts de Na’Helli, la cité elfique, la cité des bois. Il se passa une main dans les cheveux, et il se rendit compte que du sable y était toujours prisonnier. Avec des gestes vifs, il essaya de s’en débarrasser.
« Je vais signaler la mort de Haldamir. Non, Nippalur, c’était moi le chef de cette expédition, alors c’est à moi de le faire. »
Il se dirigea vers l’office du registre des Elfes. Tous étaient recensés dans ce lourd volume.
Alors qu’il allait pousser la porte et entrer, un coursier rapide l’aborda.
« Kowu, ambassadeur de la Meute ? »
« C’est bel et bien moi. »
« Je dois vous remettre cette missive. »
« Je vous remercie, mon brave. »
Alors que le coursier lui remettait le pli, il lui donna trois pièces d’or pour le dérangement. L’Elfe le remercia, puis s’en fut au pas de course, sa sacoche pleine d’autres lettres.
« A peine arrivé, et voilà que l’on me harcèle déjà. » murmura Kowu.
Il découvrit que la lettre provenait d’un Nain, membre d’un groupe qu’il n’avait pas nommé dans sa missive. Kowu se dit qu’il pourrait être intéressant de discuter avec cet ambassadeur, car la Meute avait grand besoin d’alliés.
Il entra dans l’office du registre, et se débarrassa de la difficile tâche administrative en relation avec la mort de son ami parti trop vite. Il expliqua du mieux qu’il put les circonstances de sa mort, en précisant bien l’héroïsme qu’il avait démontré en combattant seul l’horrible créature et en sauvant Nävis.
Il réussit à retenir les larmes qui montaient à ses yeux, mais à l’intérieur, tout son être pleurait. Encore quelqu’un qu’il avait tué. Cette fois ci, pas de ses propres mains, mais il était responsable des évènements.
Une fois cette tâche lourde à son cœur terminée, il profita des tables de l’établissement pour rédiger une réponse à ce Nain, D’Jar Din, ainsi qu’une lettre à Lytharion pour le prévenir de son initiative.
Il quitta ensuite l’étouffante oppression de la cité, rejoignant la Tanière où il retrouva Nävis, Labyala, Elwë et Thunziel.
« Kowu, tu m’avais promis que tu m’en apprendrais plus sur ton clan. »
« Je sais Nävis. Eh bien que veux-tu savoir ? »
« Tout ! Absolument tout ! Je veux tout savoir de vous. » répondit-elle en désignant tout le petit groupe.
Ainsi, les trois Loups lui contèrent l’histoire de la Meute, son apogée, la mort du Grand Chaman Ismaël, les Temps de la Nuit, la reprise de la chamanerie du clan par Ithril, puis par son successeur Lytharion.
Nävis fit preuve d’une si insatiable curiosité qu’ils durent se relayer pour tout lui dire.
Le pli réponse de D’Jar Din arriva alors.
Il fallait qu’il se rende auprès d’un Olympien, Heinrich, pour discuter des termes du contrat. Celui-ci l’attendrait non loin de la forêt, auprès de la rivière qui prenait sa source à Zagnadar.
Parfait, il n’aurait pas à aller très loin. Cependant, les règles qu’il avait établies lui imposaient de prendre un garde du corps au minimum. Hevens, l’apprenti de Lytharion se proposa, voyant dans cette mission l’occasion de prouver son adresse aux armes.
« Kowu… »
« Qu’y a-t-il Nävis ? »
« Tu me déçois énormément Kowu... Tomber dans un piège aussi facilement et y emmener d'autres loups, j'eusse pensé que tu avais plus de flaire. »
« Que veux-tu dire ? »
« Ne trouves-tu pas bizarre que ce nain ne nomme pas sa sois disant guilde? Ne trouves-tu pas bizarre qu'il offre cinquante pièces d’or au clan juste pour te rencontrer? Ne trouves-tu pas bizarre qu'il veuille te rencontrer dans un endroit tranquille ? »
« Il est vrai que je ne sais point à quelle cause il appartient, mais je suis confiant. S’il a refusé ma proposition de garder les pièces d’or de sa Guilde, il y a des chances que ses intentions soient louables. Et moi aussi j’aime rencontrer mes interlocuteurs loin des oreilles indiscrètes. »
« Et bien je vais te dire une chose, je me propose pour être ton garde du corps, avec pour seule mission de t'empêcher de voir cet individu. En effet, en te renseignant juste un peu plus sur lui tu aurais découvert que ce fourbe fait parti des mercenaires s'appelant les Sombres Exécuteurs et que s'il n'a pas joué franc jeu avec toi, cela ne peut être que dans un seul but : t'abattre. Il a simplement voulu t'appâter avec ses pièces d'or pour t'emmener dans un endroit désert. »
« Pourquoi voudraient-ils m’abattre ? Je ne suis qu’un simple pion. Quel danger puis-je représenter ? C’est à peine si l’on me connaît en Olympia. Et qui pourrait-être prêt à me tuer ? »
« Je ne sais pas, mais si tu ne poses pas certaines conditions, comptes sur moi pour t'empêcher de faire quoi que ce soit. D'abord, la rencontre se fera à la lisière de la forêt des cendres. Ensuite, il viendra seul. Après comme tu l'as dit, tu devras être accompagné (à certainement plus que deux...). Et enfin, tente de savoir ses convictions. Pour quel groupe travaille-t-il ? Quelles sont ses intentions? Et pourquoi veut-t-il te voir en personne alors qu'il peut débattre part missive ? Bizarre nan? »
« Toutes les conditions que tu me cite là, il me les a proposées lui-même. Mais je refuse d’être plus gardés. Hevens et toi suffirez bien à garantir ma sécurité. Et après tout, je suis très remplaçable. Ce n’est pas l’individu qui compte, mais c’est la Meute et la paix. Et si je dois mourir dans l’espoir de protéger les miens et de servir une cause pacifique, alors ce sera pour moi un grand honneur. N’ai aucune crainte, Nävis, personne ne veut ma mort. »
« Je suis certaine qu’il y a anguille sous roche. Mais fais comme tu veux, suicides-toi, ce sera même plus simple. »
« Nävis, j’irai, avec ou sans toi. »
Elle se tut, sachant qu’elle ne pourrait lui faire changer d’avis, et qu’il partirait quand même vers cet Olympien, seul ou accompagné…


« Salutation, messire Olympien. Heinrich, c’est cela ? »
« C’est cela, sire Kowu. »
« Pas de titre de noblesse pour moi, s’il vous plait, je n’ai encore rien fait dans ma vie qui le justifie. »
Rapidement, l’Olympien et lui devisèrent de tout et de rien. Ils parlèrent de toutes les guerres stupides et inutiles qui rongeaient Olympia, d’accords sur le fait qu’elles pourraient être empêchées si seulement les peuples nouaient le dialogue franchement. Parlant joyeusement, Hevens et Nävis relâchèrent leur vigilance, et ils s’assirent sur un tronc d’arbre.
« Nävis, Hevens, Heinrich et moi-même allons discuter plus loin, ne vous inquiétez pas. »
« Kowu, ce n’est pas raisonnable… »
« N’ai aucune crainte, Nävis. »
Kowu accompagna l’Olympien le long d’un petit chemin forestier. L’Olympien était subitement devenu bien silencieux. La forêt elle-même s’était tue.
Un frisson le parcouru.
Animaux, où êtes-vous ?
« Tous sur lui ! »
Il sentit quelque chose de long et froid le traverser de part en part avant de se retirer de lui.
Sa chair était en feu.
Le sang coulait lentement de sa poitrine. Il s’en était fallu de peu pour que l’Olympien ne lui perce le cœur. Mais le mal était déjà fait.
Il ploya sous son propre poids, conscient que sa vie s’écoulait lentement de ses veines, rougissant le sol de la forêt comme la rivière avait rougit.
« Aide-moi… »
« Kowu… »
Il les entendait rire de leur si simple victoire. L’Olympien l’avait pourfendu en premier. Les deux Elfes auprès de lui le frappèrent à leur tour, ouvrant de nouvelles voies pour que son sang quitte cette chair abîmée.
« Aide-moi, s’il te plait. »
« Kowu, mon amour… »
L’Olympien s’approcha, alors qu’Heinrich qui avait parfaitement su jouer son rôle riait comme un dément. Ce dernier pointait se lame contre la gorge de Kowu alors que l’autre lui dit au creux de l’oreille :
« Le pacifisme que vous essayez de répandre ne plait pas à certains dans Olympia. Ils sont allés jusqu'à me payer pour que je vous élimine. »
Il susurra :
« Je ne fais que remplir mon contrat, je n'ai rien contre vous. N’y voyez donc rien de personnel. »
L’épée de Heinrich s’enfonça alors dans sa gorge, lui ôtant la dernière parcelle de vie qui l’habitait encore…

« Humph.. »
Il sentit son corps qui se réveillait. La douleur physique était partie, mais sa douleur mentale persistait, et elle s’était même accrue. Il sentait le sol froid et terreux contre sa joue. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il se rendit compte que le monde de ténèbres qu’il avait imaginé en lieu et place des Enfers n’étaient pas si sombres. Il émanait des roches une étrange luminescence…
Il se releva et huma l’air. Il sentit une forte odeur de moisissure. L’air était frai, et devait se renouveler par quelque phénomène étrange inconnu de lui. Hadès avait parfaitement pourvu son domaine.
Il observa les alentours. En face de lui coulait un fleuve aux eaux sombres. Sur les deux berges patientaient des Elfes. Ils étaient étrangement maigres et semblaient être inconscient des blessures qu’ils portaient toujours. Les plus mutilés se faisaient porter par d’autres moins mal en point.
Ils attendaient tous le Passeur. Certains patientaient depuis quelques minutes alors que d’autres devaient être là depuis des millénaires. Parfois, d’autres morts venaient grossir leur troupe, apparaissant dans un portail lumineux.
Certains pleuraient leur vie, d’autres criaient, d’autres se taisaient, apathiques, conscients ou inconscients du lieu dans lequel ils se trouvaient.
De l’autre côté du Styx, une falaise abrupte, uniformément lisse, alors qu’au dessus du fleuve se tenait une voûte d’où tombaient des stalactites pointues.
Derrière lui, enfin, se tenait un mur composé de roche dur, un Nain aurait sans doute su de quoi il s’agissait. Il put constater qu’en plusieurs endroits, la paroi était percée par des cavernes.
Il décida que puisqu’il avait l’éternité devant lui, il explorerait un peu ces passages. Il emprunta le premier qui lui plut. Au début, les sombres passage aurait pu supporter six Elfes marchant côtes à côtes de front. Mais peu à peu, il se rétrécit et il du bientôt se plaquer contre l’humide paroi d’où suintait un liquide qu’il identifia comme étant de l’eau.
Il voulut y goûter mais il se souvint du fait qu’il était mort et qu’il ne servirait à rien de boire.
Le chemin qu’il avait suivi déboucha sur une grande salle aux dimensions impressionnantes. Elle aurait très bien pu contenir un régiment de Géants en armure.
En son centre trônait un arbre. Un arbre aux formes étranges, totalement biscornu, au tronc noir. Cet arbre, il l’avait déjà vu. Il se souvint. C’était quelques minutes avant la mort de Juunian. En son centre, il y avait le visage d’une femme…
Il eut un haut le corps.
Le visage était là, implanté dans le tronc. Et les yeux le fixaient. Et l’étrange végétale semblait palpiter. Il se rapprocha, et constata que les yeux ne le quittaient pas. C’était comme si le visage et les branches étaient animés d’une vie qui leur était propre.
Il voulut toucher l’écorce, mais sitôt qu’il posa la main dessus, tout le végétal tomba en poussière. Il s’accroupit, et toucha la cendre. Elle ressemblait assez à celle laissée par un feu de bois.
« Kowu… » murmura une voix qu’il connaissait bien.
ELLE était là. Sauf que le son ne provenait pas de sa tête comme d’habitude, mais de derrière lui !
Il fit volte face et tomba nez à nez avec une Elfe magnifique.
Elle secoua sa chevelure de feux qui ondulait derrière sa nuque et encadrait son visage.
Son visage…
Ce…
« Tu es… »
« Je suis ? »
« Tu as le même… Tu lui ressembles tellement… »
« A qui, mon bien aimé ? A qui est-ce que je ressemble ? »
« A lui… au visage de l’arbre. »
Elle lui sourit, et ses lèvres roses murmurèrent :
« C’est vrai… Je lui ressemble beaucoup… »
Ses yeux ne quittaient pas les siens, verts et si clairs qu’ils semblaient briller dans la pénombre. Elle avait un regard fantastique. Elle était incontestablement la plus belle de toutes les femmes d’Olympia. Plus belle même qu’Aphrodite se disait-il…
« Mais alors… C’est toi qui ? »
« C’est moi qui quoi ? »
« C’est toi qui m’a obligé à le faire. »
« Je te l’ai déjà dit, c’était nécessaire… »
« Mais pourquoi ? Pourquoi ? »
« Parce que son grand-père m’a violée puis laisser pour morte. Et oui ! L’ancêtre du Juunian que tu admires tant était un brigand de la pire espèce ! »
« Mais pourquoi le faire payer à Juunian ? Il n’y était pour rien. Tu m’as utilisé comme un vulgaire jouet ! Je… »
« Calme toi, Kowu. »
« Tais-toi ! Tu as fait de moi un meurtrier ! »
« Non, tu en est devenu un tout seul. Je t’ai juste soufflé la direction à prendre et tu l’as fait tout seul ! »
« Non… Je ne te crois pas… »
« C’est pourtant la vérité. Si tu l’avais voulu, tu aurais pu me combattre ! Mais tu étais aussi impuissant qu’aujourd’hui. »
« Non… »
« Maintenant, tu es à moi ! Tu m’appartiens ! »
« Non, je ne veux pas ! »
Il courut droit sur elle, alors qu’elle éclatait d’un rire empli de démence. Il essaya de lui assener un coup de poing, mais il ne rencontra que le vide. Elle avait subitement disparu, le laissant seul.
Une voix résonna dans toute la caverne, hurlant :
« OUBLIERAIS-TU CE QUE JE SUIS ? TU NE PEUX PAS M’ATTEINDRE ! TU ES IMPUISSANT ! TU ES MA CHOSE, DÉSORMAIS, ET CELA À JAMAIS ! »
« NOON ! »
Paniqué, il courut, droit vers le Styx, parcourrant le passage à une vitesse folle. Les morts attendaient toujours le bateau du passeur. Il courut droit sur eux, et il pénétra dans leur flot morbide.
Arrivé au milieu d’eux, il s’arrêta pour souffler.


Certain ne sentirent pas que quelqu’un les avait bousculé, trop perdus dans leurs pensées, mais ceux vers qui cet inconnue s’était arrêté sentirent sa chaleur. Que venait-il faire ici ? Venait-il pour les narguer lui qui portait encore l’étincelle de vie ? Lui que Hadès laisserai partir s’il le désirait ?
Tant pis, il ne voulais pas emprunter l’issue qui lui était réservée, alors sa vie serait leur. L’un d’eux pourrait retourner à la surface…


Kowu sentit un froid glacé envahir son bras droit. Un mort venait de l’agripper. D’autre l'empoignèrent, surtout là où il pouvait y avoir contacte entre sa peau et la leur.
Il sentait la chaleur fuir, fuir vers ces spectres affamés. Il consommait sa vie !
Hadès lui avait laissé une deuxième chance, et il ne l’avait pas saisie !
Il se sentait mourir une deuxième fois… Il avait mal partout… Il ne sentait plus ses extrémités...
« Non ! Laissez moi… »
Il se débattit, frappa, et frappa encor, se libérant parfois de l’étreinte d’un des morts ! Il les jetait à terre, frêles fétus de chair ! Il leur brisait les os, mais au bout de quelques minutes, à nouveau intacte, ils revenaient à la charge.
Il se débattit tant et si bien qui réussi à leur échapper, courant à travers leur masse avide. Lorsqu’il se trouva suffisamment éloigné d’eux, de quelques mètres en fait, il s’arrêta, car ils ne le poursuivaient pas. Ils avaient échoué à prendre sa vie, alors ils attendraient le passeur.
Il sentit la chaleur le parcourir à nouveau, au fur et à mesure que la vie reprenait ses droits en lui.
Soudain, jetant un coup d’œil vers la masse grouillante de fantômes, il le vit, avançant vers lui. Il murmurait :
« Kowu, est-ce bien toi ? »
« Ju… Juunian ? »
« Oui, c’est moi… »
« Juunian… Je… Je suis si désolé… »
Son ami portait toujours sa blessure à la tête, celle que lui avait fait cette pierre. Mais il était si décharné qu’il avait eu peine à le reconnaître. Ses traits étaient creusés, et ses yeux étrangement fixes.
« Tu n’as pas à être désolé, Kowu… »
« Juunian, je n’ai jamais voulu… »
« Je le sais… »
Il se rapprochait de plus en plus de lui. Il n’était plus qu’à deux mètres.
« C’est ELLE qui m’y a obligé… »
« Ne t’en fait pas, Kowu. »
« Je… »
« Ne t’en fait pas, Kowu, je vais te libérer de ta souffrance ! »
Sans plus un mot, il lui agrippa le bras vigoureusement, aspirant sa vie. Kowu tomba à genoux, alors qu’il se sentait vider par son meilleur ami.
« Tu vas me donner ta vie, en échange du temps que j’ai perdu ici ! Tu vas me donner une deuxième chance… »
« Juunian… Arrête… »
« Tu m’as tué ! Tu es un meurtrier Kowu ! S’ils ne t’ont pas puni là haut, alors c’est ici que tu recevras ta punition ! »
« Juunian… »
« J’avais tout pour moi ! J’avais une vie géniale ! Et toi, tu me l’as ôtée ! Et pourquoi ? Pour une banale histoire de fille ! »
Ses yeux roulaient dans ses orbites alors que les mains glacées s’employaient à leur besogne. Soudain, Juunian lâcha prise.
Il put reprendre ses esprits, sentant la chaleur revenir en lui. Sa vue à nouveau claire, le spectacle qu’il vit le figea quelques instants sur place : ELLE lui avait sauté dessus, et ELLE le rouait de coup !
Kowu décida alors de fuir. Mais il ne pouvait pas la laisser là, car Juunian qui appelait à l’aide avait attiré d’autres fantômes. Il l’agrippa alors par ses poignets, l’entraînant avec elle dans la caverne où ils s’étaient rencontrés.
Derrière lui, il entendit la voix haineuse de Juunian :
« Tu ne t’en sortiras pas ! Il faudra bien que tu repasses un jour par ici ! Et ce jour là, je t’attendrais, et je finirai ce que j’ai commencé avec toi ! Je te hais, Kowu ! Je te hais ! »
Ils coururent le plus vite qu’ils purent, ne s’arrêtant pas. Lorsqu’ils eurent parcourus une distance qu’ils jugèrent suffisante dans ces tunnels, ils s’arrêtèrent et se relâchèrent. Cela se traduisit par un brusque et complice fou rire.
Elle paraissait si douce et elle semblait si attirante lorsqu’elle riait. Il admira ses yeux, sa bouche, ses courbes. Elle sembla sentir son regard et elle lui fit un sourire mutin :
« Alors, mon beau Kowu, ce spectacle te convient-il ? »
Il balbutia quelques excuses gênées.
« Non, Kowu, ne t’excuses pas. C’est à moi de le faire. Je me suis énervée tout à l’heure. Je n’aurai jamais du te dire ces choses. Ils ne t’auraient pas fait de mal… »
« Mais ce n’est pas ta faute… »
« Maelinda. »
Elle lui sourit. Il se sentit reprendre courage.
« C’est mon nom… »
« Maelinda, je… »
Elle le fit taire en posant son doigt sur sa bouche.
« Kowu, tu es si fort et pourtant si fragile. Personne n’a su voir ce que j’ai vu en toi. Tu es capable de faire face à tant de souffrance… Et pourtant, une simple lame t’ôte la vie… Je sais quelle force tu caches en toi… »
Elle se serra contre lui.
« Sais-tu combien d‘années j’ai attendu pour que nous soyons faces à faces ? Cent vingt-cinq ans ! J’ai du les chasser, car malgré tout, elles arrivaient à te dominer. Mais maintenant, tout ira mieux, tu verras… »
« Maelinda, je crois que… Je crois que je t’aime… »
Elle l’embrassa, puis lui dit ceci :
« Tais-toi bêta ! Tu n’as jamais su dire ce genre de chose, tu le sais autant que moi… »
Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, elle avait déjà recommencé à l’embrasser. Il lui caressa ses cheveux en fermant les yeux…
« Arrête ! »
Il rouvrit les yeux. Maelinda avait disparue. Devant lui, à quelques mètres se tenait un personnage habillé d’une houppelande, capuchon rabattu sur son visage.
« Sais-tu qui elle est Kowu ? »
« Qui êtes-vous ? »
L’apparition découvrit son visage. Il hoqueta d’horreur.
« Je suis toi ! »
Le visage qu’il contemplait, c’était le sien.
Il était face à lui-même…
« Je suis une partie de toi, je suis ton esprit que tu chasses pour elle. »
« Ce… Vous n’êtes pas réel ! »
« En effet, tout comme elle ne l’est pas non plus. »
« Que me voulez-vous ? »
« Je veux te parler, et te raisonner si je le puis. »
« Me raisonner à propos de quoi ? »
« A propos d’elle. Sais-tu ce qu’elle veut réellement ? Sais-tu ce qui l’anime ? »
« C’est notre amour qui lui a donné vie. »
« Oh non, Kowu, comme tu te trompes. Elle ne veut qu’une seule chose : m’enfermer, t’enfermer dans ton propre esprit. Comme elle l’a fait avec LES AUTRES. »
« Ce… C’est impossible… »
« Et pourtant, c’est la vérité. Elle ne t’a jamais aimé, comme elle n’a jamais aimé personne. Elle s’accroche à la seule chose qu’il lui reste : sa haine. Elle va te parasiter, et se servir de toi comme son instrument. Elle sait que maintenant tu ferais n’importe quoi pour elle. Elle t’a trompé comme elle en a trompé beaucoup d’autres. »
« Non… Vous… »
« Ne refuse pas l’aide que je t’apporte, Kowu. Bats-toi, bats-toi pour que ton corps et ton esprit soient tiens. »
« Et qu’est-ce qui me dit que vous n’êtes pas l’une d’entre ELLES qui veut récupérer sa place usurpé ? »
« Rien. Mais je suis toi, c’est un fait. »
« Non, vous n’êtes pas moi ! Vous n’êtes qu’un fragment de mon imagination ! »
« Comme elle ! »
« Non, elle est bien réelle… J’ai pu la toucher… »
« Pauvre de moi. Tu prends tellement tes désirs pour une réalité que tu imagines des choses qui sont et restent impossibles… »
« Taisez-vous ! »
Il lui bondit dessus et…
…il ne rencontra que l’air.
Il avait disparu, comme elle. Qu’était ce jeu ?
« Luwö ! Pourquoi me fais-tu ça ? Pourquoi ? Ne suis-je pas fidèle à tes préceptes ? Quel acte ai-je pu commettre pour que tu me punisses ainsi ? »
Il courut et courut, voulant pleurer, mais il se rappela qu’il ne pouvait le faire puisqu’il était au royaume de Hadès. Au détour d’une caverne, il se trouva face à une étrange luminescence…
Cela ressemblait à milles étoiles tourbillonnant vers un cercle aussi lumineux que les Titans qui éclairaient Olympia. C’était la sortie, il le savait.
Pourquoi Hadès le laissait-il quitter son royaume ? Avait-il finalement un destin à accomplir en Olympia ?
« Kowu… »
« Maelinda… »
Il se retourna…
« Tu ne l’as pas cru, j’espère… »
« Ne t’inquiète pas. Je t’aime, et je sais qu’ELLES te jalousent. Je ne me ferais jamais avoir par ce genre de stratagème. »
« Oh, Kowu… »
Il s’enlacèrent passionnément et s’embrassèrent langoureusement, chacun explorant l’autre… Elle le repoussa doucement, puis lui dit :
« Kowu… Il faut que tu quittes cet endroit. »
« Te reverrais-je au dehors ? »
« Non, Kowu. Mais je serai toujours avec toi, comme avant. »
Il l’embrassa une dernière fois, puis il se dirigea vers la lumière. Il passa une main dedans, avec précautions, et il sentit qu’elle se réchauffait de façon fulgurante.
Il jeta un dernier regard vers elle pour garder à jamais son visage en mémoire, puis il passa aux travers du passage…


Maelinda s’éveilla. Elle était face contre terre, et elle sentait le pavé froid cotre sa joue. Les citoyens de Na’Helli la contemplait.
« Comment allez-vous, monsieur… »
« On ne peut mieux. » répondit-elle.
Et elle se leva, redécouvrant sa cité.
« Maelinda, tu es là ? »
« Oui, Kowu, mon bien aimé, je suis là… »
Elle s’en fut, disparaissant au détour d’une rue de Na’Helli.

Dit moi, a la fin, elle a pris ton corps ? Je n'ai pas très bien compris

Disons qu'elle le partage plus intimement :p Elle fait presque tout ce qu'elle veut de lui...

Qu'est-ce qu'il est naif ce Kowu...un peu d'amour et de sexe et voila le tour est joué ! lol

Non vraiment c'est trés interessant car on apprend des choses sur ce que tu as ecrits avant et ça se lit tres facilement, on se laisse transporter...
C'est quand que tu deviens un ecrivain ? Pour les plaisirs des grands et des petits

Ah oui, et juste un petit truc : c'est dommage que tu n'es pas plus parlé de Luwo et que tu ne sois pas sorti dans le cocon qu'on avait fabriqué pour toi dans la tanière...mais bon c'est vrai que tu reapparais dans Na'helli en vrai...

Encore bravo !!

Edit by Kowu : Y'a pas eu de sexe ^^ Et ça fait longtemps qu'elle le drague ^^ Mais comme je ne peux pas faire de chro pour chaque minutes de la vie de kowu, bin ça se voit moins ^^ Mais y'a pas eu de sexe :p (Ce serait très dur vu qu'elle existe pas vraiment physiquement :p)

rrr... chui jalouse !

Sur ce, super chro, tu m'épatte toujours autant!

Nävis, Nävis, Nävis... (Wouaaa c'est dur en faite d'écrire ton nom xD)

Si tu veux Kowu, tu n'as qu'a le draguer... (en plus t'es la physiquement donc avec un peu de sexe... heuuuuuuuu nan rien...)

Mais laissez donc Kowu...Mais soit dit en passant, je pense qu'un amour un peu plus physique entre Kowu et quelqu'un d'autre (je ne sais pas si cela se fera un jour avec Nävis :p) pourrait bien aider Kowu à guérir...Mais comme toute folie, elle ne sera pas simple. Mais d'un autre côté, toutes ces personnes font parties de Kowu, donc les lui enlever, ou du moins les lui faire disparaitre pourrait bien...le tuer. En clair, je pense finalement que Kowu n'est plus vraiment Kowu sans toute cette skizophrènie ^^.

Voilà, ca y est, j'ai fait ma ptite réflexion lol. (Faites pas trop attention mdrr)

Parfaitement Labyala !!

C'est tout a fait ça d'apres Kowu...enfin je crois

Chut... Lyth, fallait pas dire qu'elle a raison !!! ^^

Enfin non, pas vraiment en fait. c'est pas les relations physiques qui le sauveront... C'est l'amour véritable, la passion (cf : Annexe III avec l'échelle de puissance des sentiments et vos cours de physique avec les annulations de charges :p)

Bon, voilà, vous savez tout... Ou presque parce que reste encore une surprise qui ne devrait plus tarder ! Mouhahaha !