[VF1] [Kowu&Lya] Voix sans issue

HRP/
Petite précision :
Alasiae
Kowu
Lya
Maelinda
/HRP



Kowu s’était assoupi dans la Taverne, car il s’était sentit trop mal pour rentrer à la Tanière. Lya pénétra dans la Taverne, et elle se dirigea vers le comptoir. Le pas léger de la Femme Sauvage suffit à le tirer de son sommeil. Il ouvrit les yeux, se rendant compte qu’il n’était plus seul dans ces lieux et il jeta un regard au comptoir pour savoir qui l’avait réveillé.
Il se leva, et sembla s’imprégner de la silhouette de Lya durant quelques instant. Son cœur cognait dans sa poitrine, et la peur revint lorsqu’elle parla dans sa tête. Il s’approcha d’elle, à pas lents, continuant à l’admirer sans qu’elle ne s’en rende compte. Lorsqu’il fut auprès d’elle, il la salua finalement et s’enquit de ses nouvelles comme elle voulut savoir ce qu’il advenait de lui.

J'ai renoncé à mon voyage, pour l'instant. Tu avais raison. Une remise en forme état nécessaire.

Lya se tourna vers lui et lui sourit. Il lui sembla être sur un petit nuage, et il se sentit apaisé pour la première fois depuis qu’elle avait fait son apparition dans son esprit. Lya avec toujours eu ce pouvoir sur lui, celui d’atténuer ses souffrances.

Et bien ! Te voilà enfin raisonnable? Que me vaut se revirement d'attitude?
Rien... Ou plutôt si, une promesse faite à quelqu'un...

Lya fit les yeux ronds, et elle voulu en savoir plus. Cependant, il ne voulait pas aborder le sujet, car il savait qu’elle se fâcherait si elle l’apprenait. Elle le cuisina, et le cuisina tandis que lui sautait d’un sujet à l’autre sans pouvoir jamais lui échapper. Lorsqu’il la regardait dans les yeux, il sentait sa résistance s’amenuiser. Lorsqu’il cessait de la regarder, il se sentait désemparé et mélancolique. Elle prit finalement son menton dans ses mains et elle l’obligea à la fixer, droit dans ses yeux, emplis d’interrogation. Il se sentit mollir et il tenta une dernière fois de résister à ses prunelles d’où jaillissaient des étincelles qui lui pourfendaient le cœur.

Ecoute, Lya, ça sera bien trop dur pour toi comme pour moi.
Je ne vois pas ce qui pourrait être plus dur que ce que j'ai déjà vécu. Alors s'il te plait, parle moi!

Il était désespéré. Tout l’amour qu’il lui portait était bien trop puissant, et malgré ce qu’elle lui faisait, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour elle ce tendre sentiment. Il murmura entre les dents, l’air vaincu :

Comme j'aimerai me détacher enfin de toi... Mais c'est bien trop dur...
Et bien si c'est ce à quoi tu aspires, il ne tient qu'à toi ! Si tu ne veux point me parler, je m'en irai et ne t'importunerai plus !

Elle venait de toucher la corde la plus sensible qui soit. Tiraillé entre l’amour et la haine, il la regarda se lever. La colère s’insinua en lui, et il l’assit de force, face à lui. Il savait qu’il avait du lui faire mal. Il n’avait pas voulu que cela se déroule ainsi. Il ne voulait plus l’aimer, il ne voulait plus penser à elle. Mais elle le poursuivait.

Reste et écoute, puisque c'est ce que tu veux ! Tu te souviens de Maelinda, n'est-ce pas ? Tu t'en rappelles ? Eh bien elle, je lui ai promis... Je lui ai promis de punir ceux qui l'ont violée ! Au même titre que je punirai ces Olympiens qui t’ont souillée !

Kowu sourit comme un dément, et maintenant le peu de lucidité qui restait en lui s’évanouit alors que l’intense tiraillement entre son amour et sa haine venait de provoquer chez lui comme un choc ! Il ne pouvait plus entendre ce qu’elle disait. Il la regardait, et il lui débitait tout ce qu’il avait sur le cœur.

Pourquoi ne voulais tu pas m'en parler ?
Tu comprends que je dois le faire, n’est-ce pas ? Tu vois que c'est la seule chose qu'il faut que je fasse ! C'est ce que je vais faire... Et enfin elle partira, oui...
Je ne comprend toujours pas pourquoi tu ne voulais pas m'en parler. Surtout à moi, la seule qui peut être capable de comprendre ton geste !

Kowu eut un sourire dément alors que le front de Lya se plissait d’inquiétude. La dernière fois qu’elle l’avait vu ainsi, c’était pendant que Maelinda le possédait. Mais là, elle savait que c’était bien lui, bien qu’il sembla que sa raison lui échappa.

Tu vois que tu ne comprends pas.
Je ne comprends pas quoi? Que tu veuilles tout faire pour la venger ?

Kowu éclata de rire, la maintenant toujours avec force assise. Son rire se répercuta contre les murs de la Taverne.

Non, tu n'a pas compris. Tu sais quand je dis que je les ai toutes détruites... Tu te souviens ? Eh bien j'ai menti...
Je sais !

Kowu sembla profondément étonné au point que toute la colère accumulée se relâcha. La pression de ses mains sur Lya fut moins forte. Il parla d’une voix sans timbre.

Alors tu sais qu'elle est là, dans ma tête ?

Elle acquiesça, souriant pour l’apaiser. Il continua cependant de sa voix monocorde.

Et tu sais qu'elle n'est pas seule ? Qu'il y en a une autre.
Je ne sais pas, je sais que tu attires et attireras toujours les "voix" mais qu’aucune n'aura l'influence de Maelinda…
Sais-tu que Luwö m'a maudit ? Sais-tu au moins pourquoi ? Y'a-t-il une raison ?
Luwö? Nan ! Je ne le savais pas et je ne vois pas pourquoi il l'aurait fait. Tu n'as jamais rien fait de mal !
Qu'en sais-tu ? Me connais tu finalement ? Sais-tu qui est Kowu ? Suis-je toujours Kowu, moi qui t'aime ? Suis-je devenu quelqu'un d'autre lorsque je t'ai connue ?
Je te connais plus que tu ne le crois Kowu, et j'ai même l'impression de te connaître plus que toi-même.

Kowu semblait maintenant au bord des larmes. Elle ne lui offrait aucune résistance, et se laissait faire. Il aurait pu la frapper, la battre à mort, il savait qu’elle ne se serait pas défendue. Et cette pensée folle lui avait déjà traversé l’esprit sans qu’il ne la rejeta complètement.

Sais-tu ce qui est le plus dur pour moi ? Sais-tu ce qui fait le plus mal ? Ce qui me fais mal, là, maintenant, c'est de t'avoir là !

Kowu désigna sa tête, libérant Lya, et il répéta :

C'est de te savoir là dedans !

Kowu la lâcha totalement, semblant soudain se calmer, reprenant son air habituel. Il semblait que toute trace de démence avait disparue de lui. Il respirait fort et rapidement, comme s’il venait de faire un gros effort. Lya le regardait avec un air à la fois étonné et inquiet.

Moi dans ta tête? Mais je vais vraiment te prendre pour un fou Kowu... Comment veux tu que je sois dans ta tête ? Et puis qu’est-ce qu’elle te dit la Lya dans ta tête ?
Parce que tu crois encore que je ne le suis pas ? Fou... Je le suis depuis longtemps... La paix ! Est-ce une chose concevable en Olympia ? N'est pas déjà de la folie ? Mais tout ceci cessera, n'est-ce pas ? Lorsque je les aurai tous châtiés...

Kowu observait la réaction de Lya, un demi-sourire aux lèvres. Il semblait que la démence tentait de faire à nouveau loi en lui.

Kowu encore une fois, tu n'as pas répondu ! Je veux savoir ce que te dit une voix qui prend mon apparence !
Tu ne sais pas ce que tu peux bien me dire à tes heures perdues ?
Ce que moi je pourrais te dire, je pense que je le sais, mais ce qu'une voix ayant pris mon apparence pourrait bien te dire… Là je n'en ai aucune idée !

Kowu éclata de rire, se demandant si elle ne le prenait pas pour un idiot. Il savait qu’elle lui mentait. Il ne pouvait en être autrement puisqu’il n’entendait que les voix de personnes mortes, et encore, il fallait que ces personnes aient rejoint Hadès en éprouvant des sentiments particulièrement forts !

Elle me dit exactement ce que tu me dis...
C'est à dire?
Jamais tu ne pourras m'aimer comme je t'aime, n'est-ce pas ?
Jamais est un mot qui ne fait pas, ou plus partit de mon vocabulaire ! Tu devrais le savoir !

Kowu éclata de rire, encore une fois, alors que la démence avait repris tout ce qu’il y avait à prendre en lui. Il semblait particulièrement fou.

Et pourtant, c'est ce que tu me dis chaque fois que tu en as l'occasion.

Il sembla émerger à nouveau, loin de l’état de démence, mais il devint mélancolique, et il parla d’une voix chevrotante, semblant au bord des larmes.

Pourquoi fais-tu cela ? Crois-tu que cela changera quelque chose ?
Je ne vois pas de quoi tu parles Kowu, ce que je t'ai dit, c'est que pour ma survie et la tienne, il ne fallait pas que tu ressentes ces sentiments pour l'instant ! Mais comme tu n'en fait qu'à ta tête... Moi je ne peux aimer pour l'instant, personne, ni toi ni quelqu'un d'autre. Et je ne veux pas être aimée, mais là encore je parle de présent. Je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir. Je n'en sais rien !
Et c'est pour ça que tu te sens obligée de me hanter ? C'est pour ça que tu t'infiltre dans ma tête ?
Je ne te hante pas Kowu... Je suis bien incapable de le faire, tu me prêtes des pouvoirs que je n'ai pas ! Tu sais qu'à chaque fois que j'ai voulu entrer dans ta tête il me fallait ton autorisation.
Tu sais très bien que tu n’auras jamais à demander l’autorisation ! Mon esprit t’est bien plus qu'ouvert !
Mais je ne peux rien faire seule ! Nan Kowu tu te trompes…

Lya secouait la tête de gauche à droite pour appuyer sa négation. Une larme coula sur le visage de l’Elfe tant il se sentait perdu. Si ce n’était pas elle qui pénétrait dans son esprit pour qu’il cesse de l’aimer, alors il n’y avait qu’une seule autre explication. C’était quelque chose d’impossible. Il aurait fallu qu’il soit fou pour de bon. Il réussit à articuler entre deux sanglots.

La seule autre hypothèse est que tu sois morte !
Nan, je ne suis pas morte ! Je suis bien vivante...
Pourtant c'est la seule explication. Ou alors c’est que j’ai raison, et que tu t’acharnes sur mon esprit ! Je n'ai pas besoin de cette souffrance, Lya ! Elles sont parties, alors je t'en prie, ne fais pas comme elles !
Mais enfin, Kowu.. Je ne te comprend pas...

Kowu semblait au bord des larmes, et il ne remarqua pas l’arrivée de Alasiae, une Louve dont il venait de faire la connaissance. Il était tombé à genoux devant Lya, la suppliant :

Je t'en supplie, Lya, laisse moi...
Tavernier! Une bièr...Kowu ?!
Kowu, j'ai certes beaucoup changé.. Mais crois tu que je pourrais faire du mal à mes amis? Te faire du mal? Ça me blesse Kowu que tu puisse penser ça de moi…

Lya posa ses mains sur les cheveux de Kowu et commença à les caresser. Cela eut l’effet apaisant désiré au début. Elle connaissait parfaitement bien Kowu et elle savait qu’un contacte presque maternel le calmerait. Lorsqu’il sembla se ressaisir, la folie s’insinua à nouveau dans son regard et la colère revint alors qu’il se redressait de toute sa hauteur pour échapper au contacte de Lya.

Alors que fais-tu dans ma tête ?

Alasiae, poussée par la haine farouche qu’elle portait aux Hommes Sauvages, ne tarda pas à intervenir. Elle se rangea bien évidemment du côté de Kowu, sans comprendre ce qui se passait exactement entre lui et Lya.

Une Femme Sauvage....Je hais cette race! Que fais tu à mon ami?

L’Elfe et la Femme Sauvage ne firent pas attention à l’intervention d’Alasiae, l’un parce qu’il était à mille lieux d’être réceptif à des paroles autres que les siennes ou celles de Lya, et elle parce qu’elle devait se faire du souci pour lui.

As-tu une meilleur explication ?
As-tu envisagé que ce ne soit pas moi ?
Qui alors ?
Quelqu'un qui me déteste…Quelqu'un comme... Maelinda !

Kowu sembla vouloir nier l'évidence, car il savait qu’elle avait changé. Il savait qu’elle l’aimait alors que lui ne lui vouait maintenant plus de tendres sentiments. Alasiae ne comprenait pas ce qu’il se passait, et avait jugé plus sage d’attendre que Kowu lui ait expliqué en partie la situation avant de lancer sa haine à l’encontre de cette Femme Sauvage.

Mais que ce passe t'il?
Alasiae ?
Pourquoi t'humilier? L'amour ne doit pas demander à s'humilier!
S'il te plait accorde nous quelques instants et nous serons à toi, mais là c'est trop important.
Lâche mon ami! Ne lui torture pas l'esprit !

Alasiae bouillonnait. Elle aurait voulu comprendre. Ce ne fut que lorsque Kowu prononça ces mots qu’elle sembla prête à se calmer.

Alasiae, je l'aime...

La jeune Elfe cessa alors toute attitude belliqueuse et préféra ne rien manquer de la confrontation. Lya reprit, cherchant à convaincre Kowu que cela ne pouvait être que Maelinda, bien qu’il le sache au plus profond de lui-même. Il était plus simple de nier l’évidence que de l’accepter, car s’il convenait que c’était bien Maelinda, il conviendrait alors qu’il était toujours en sa possession. La démence l’avait à nouveau quitté, et il cherchait à accepter le fait irréfutable de l’influence de Maelinda sur lui.

Kowu, elle t'as déjà abusé par le passé. Ne te laisse pas avoir une seconde fois.
Lya, comment puis-je m'en débarrasser ? Elle est si forte !
Tu le peux ! Car tu es plus fort qu'elle ! Je le sais !
Kowu...

Kowu semblait avoir reçu comme un coup de poing... Il sembla ne pas entendre Alasiae de plus en plus inquiète. Une déchirure se produisit dans son esprit. A ce moment là, Alasiae qui croyait que Maelinda était quelqu’un de bien vivant proposa ses services :

Si tu veux je vais la tuer pour toi !

Kowu, repris par la démence, crut qu’elle parlait de Lya, aussi il la menaça, montrant les dents :

Alasiae, ne touche pas à un seul cheveux !

Kowu sortit de la Taverne en courant, repris par la folie. Il hurla :

Je vais à la Rivière Vive ! Et je la tuerai !

Kowu courait, extatique, vers la Rivière Vive. Le lieu où tout commença ! Il le savait, maintenant ! Si sa vie avait été ainsi, ce n’était pas à cause de lui, c’était sa faute à elle !
Elle avait su exacerber sa jalousie pour qu’il tue Juunian. Elle avait su prendre son corps par la ruse, et elle avait failli détruire tout ce qu’il avait de plus cher. Elle avait détruit sa vie, mais maintenant, il allait détruire la sienne, une bonne fois pour toute !
Il allait la tuer, oui, la tuer !
Quoi de plus normal après tout ? Ce n’était que justice !
Elle avait faillit provoquer sa mort à lui, mais lui ne faillirait pas et il provoquerait sa mort à elle.
Il éclata de rire à ses pensées. Elle était déjà morte ! Il était bel et bien fou ! Comment allait-il tuer un mort ? C’était une chose tellement absurde.
Il courut, et courut, se retrouvant sur le chemin d’où il avait marché avec Juunian. Cet endroit où elle avait essayé de le tuer quelques jours auparavant en lui montrant une image de Juunian entrain de se noyer pour qu’il saute dans la tourmente des eaux. Il avait évidemment sauté. Sans la présence de Ludmar, envoyé pour le suivre par Lya, il aurait sans doute perdu la vie.
Il la tuerait ! Il tuerait la morte !
Il arriva auprès de cet arbre, et un flot de haine s’abattit contre lui pour le repousser. Elle savait ! Elle l’épiait !
Le tronc de l’arbre l’observait avec son visage. L’étrange nymphe grimaçante et belle comme le jour lui envoyait son flot de haine.

Maelinda ! C’est moi ! Kowu !

Il avait les yeux exorbités. Il regardait Maelinda, ou son visage, peu importe, et il lui renvoyait toute sa haine.

Je suis venu pour finir quelque chose, Maelinda !

La haine ne pouvait l’atteindre, et il semblait plus fort que jamais. Il semblait que Maelinda n’avait de force que lorsqu’il croyait l’aimer.

Kowu… Kowu… Mon amour…
Tu m’as gâché la vie ! Tu ne me laisses même pas mes sentiments pour moi ! J’aime Lya ! Toi, je te hais !
Kowu… Ne me fais pas de mal… Je t’aime… Je suis sans défense…
Maelinda, je ne t’aime plus, je te l’ai dit…

Pourtant, il semblait approcher de l’arbre, comme fasciné à nouveau par ce visage aux traits si fins. Cette bouche aux lèvres bien roses, sensuelles à souhait. Ce sourire si prometteur et cet amour dans son regard. Ses yeux bleus comme le ciel le fixaient, emplis des étincelles de la passion. Ses cheveux de feus semblaient voler au vent.
Elle était si hypnotisant. Lorsqu’il ne fut plus qu’à un mètre de l’arbre, la forme du tronc sembla changer, et apparurent des formes féminines bien galbées. Un bras sembla se tendre dans sa direction, et il sentit ses défenses s’amenuiser. Elle l’aimait et il l’aimait finalement.

Viens, Kowu…

Elle l’invitait à se rapprocher. Il avança, et il l’étreignit.

Oh, Kowu, j’ai eu si peur…

Il caressait ses cheveux, la fixant droit dans les yeux.

J’ai cru que tu ne m’aimais plus.

Il l’embrassa alors avec passion, tandis que sa main gauche, exigeante, caressait son corps féminin, qu’il aurait cru rugueux à cause de l’écorce de l’arbre duquel elle faisait parti, mais sa peau semblait plus douce que jamais. Leurs lèvres se séparèrent, et elle souriait, plus amoureuse que jamais.

Maelinda…
Oui, Kowu ?
Tu avais raison…
A propos de quoi ?
Je ne t’aime plus !

Alors qu’il prononçait ces mots, il enfonça une dague dans son ventre. Tandis que sa main gauche s’acquittait de quelques caresses, sa main droite avait fébrilement recherché dans sa besace la dague qui s’enfonçait maintenant dans la chair de Maelinda. Une sorte de résine couleur ambre sortit par la plaie. Elle eut le souffle coupé, et son regard devint vitreux…

Ko… wu… Je… t’aimais…

Elle expira, et lâcha son dernier souffle. Sa silhouette repris sa place dans le tronc de l’arbre, et la dague resta profondément enchâssée dans l’écorce. Il tira dessus, les yeux roulant dans leurs orbites.

Je l’ai tuée !

Il tira plus fort, et la dague sortit du tronc. Il tomba en arrière, riant comme un dément. Il savait ce qu’il lui restait à faire, maintenant.

Il planta ses ongles dans la terre, au pied de l’arbre, et il commença à creuser. Plus il avançait en profondeur, plus ses doigts étaient ensanglantés, mais il ne semblait pas s’en rendre compte, trop occupé à son macabre jeu. Sous quelques centimètres de terre, il découvrit des ossements.

Hahaha ! Te voilà, Maelinda ! Je te tuerai saloperie !

Il exhuma un à un les ossements, qui avaient depuis longtemps commencé à pourrir, rongés par le temps. Il les plaça dans un baluchon, et il se releva, jetant un dernier regard vers l’arbre. Son tronc biscornu porterait à jamais la trace de sa dague, mais plus jamais elle ne reviendrait, il le savait.

Il s’en retourna à la taverne, plus dément qu’il ne l’avait jamais été, transportant sur ses épaules son sinistre trophée. Kowu directement au patio, l'air extatique. Il portait toujours son sac de toile sur ses épaules. Il riait aux éclats.

Je l’ai eue ! Je l'ai tuée !

Il semblait comme saoul, et il ne marchait pas droit. Il fit quelques mètres, puis il posa son sac à terre. Il riait, et ses yeux étaient comme injectés de sang. Il semblait se parler à lui-même :

Je l'ai eue... Cette fois...Cette fois elle est morte...

Kowu s'agenouilla devant son sac, sans plus bouger, le fixant, comme s’il était en prière. Il fixait le sac, se demandant si Maelinda cesserait à présent de le poursuivre.

Kowu? Qu'est-ce que tu fais?

Il n'avait pas remarqué pas la Femme Sauvage derrière lui. Kowu regarda Lya, tendant ses mains ensanglantées devant lui. S’il n’y avait pas toute cette terre sur ses doigts meurtris, on aurait pu croire qu’il les avait planté dans le corps de quelqu’un.

Je l'ai eue ! Je l'ai tuée ! Elle est morte ! Ahahahahah !
Mais qui est morte Kowu? Qui?

Kowu sourit grandement, éclatant de rire. Elle ne pensait tout de même pas qu’il avait tué une Elfe ou qu’il avait finalement attaqué la pauvre Nävis.

Bin Maelinda !

Ses mains qui tremblaient, tant à cause de l’excitation que parce qu’elles lui étaient douloureuses. Lya s'agenouilla face à lui et cherchant à trouver son regard. Elle semblait plus que jamais inquiète.

Mais elle était déjà morte, Kowu. Maelinda était dans ta tête... Mais qu'as tu fait ?

Il déroula son sac, et quelques os à demi décomposés en sortirent. Il semblait fier de son trophée. Il regardait Lya avec le sourire.

Tu vois ? Elle est morte !
Mais enfin explique moi ! Ce sont ses ossements?
Bien sur ! Sous l'arbre, près de la rivière vive ! Je l'ai déterrée !
Elle était enterrée là?

Kowu tendit ses mains pour lui montrer comment il avait déterré Maelinda, et il semblait plutôt fier de sa prouesse. La folie était plus que présente dans son regard. Tout était désorganisé dans son esprit.

Et que vas tu faire de ses os?
Elle est morte, je te dis ! Je l'ai tuée ! T'es plus dans ma tête maintenant ! Elle n'y est plus ! Et même si elle y était, j'ai un remède !

Il murmurait en farfouillant fébrilement dans sa besace.

Oui, un remède...

Il tira une dague recourbée, la montrant à Lya.

Le remède...

Kowu a les mains qui tremblent, et la dague ne semble pas stable. Lya hésita car elle s'inquiétait du silence dans la Taverne, puis décida de laisser Kowu seul quelques instant pour vérifier si le Deathscythe n’avait rien. L’Elfe la regarda s'éloigner, et il éclata de rire, n'ayant d'yeux que pour son remède.
Kowu observait la dague, puis se rapprocha des ossements de Maelinda. Il commença à les détruire, un a un, les écrasant, crachant dessus, lâchant toute sa haine. Les os, fragilisés par leur décomposition semblaient s'effriter sous ses pieds, sans difficulté.
Il n'écrasa cependant pas le crâne, perforé par la décomposition, et il l'observa. Il le prit dans sa main et frissonna. Il tenait la tête de celle qui l’avait hanté toute sa vie. Il ferma brièvement les yeux pour se remettre de son émotion. Lorsqu'il les rouvrit, il sursauta, lâchant le crâne...
Ce qu'il avait vu, c'était la tête de Lya...
Terrorisé, il détruisit alors méticuleusement le crâne, à son tour qui rejoignit le reste des os brisés.
Il s'assit par terre, le regard à nouveau posé sur son remède. Il s'en saisit. Après tout, pourquoi ne se l'appliquerait-il pas ? Ses mains étaient tremblantes et douloureuses.
Il fixa la lame.
Etait-elle suffisamment tranchante ?
Kowu se coupa par trois fois le dessus du poignet gauche. Il regarda son sang couler...
Il saisit alors la dague à deux mains et la plaça juste derrière l'oreille. Kowu sembla alors figé dans cette position.
La peau derrière son oreille, légèrement entaillée, émit un mince filet de sang qui coula le long de son cou.
Kowu fixa la poussière d'os. De temps à autre, lorsqu'il clignait des paupières, le corps de Lya apparaissait. La Femme Sauvage saignait abondamment en plusieurs endroits et semblait morte. Maelinda continuait sa maléfique action !

Lya…

Kowu fixait le corps de Lya, qui ne disparaissait plus, et les larmes coulèrent sur son visage. Il se sentait vide. Il n’avait plus de raison de vivre si elle était morte. Le cadavre semblait murmurer quelque chose :

Le remède... Le remède...
KOWUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU !

Il ne se rendit pas compte que Lya courait à lui. Kowu semblait n'entendre que ces mots prononcés par la morte. Il semblait comme hypnotisé.

Le remède... Le remède...

Lya prit la dague dès qu’elle arriva à sa hauteur et la jeta au loin. L'image du cadavre disparut. Lya saisit Kowu aux épaules et le secoua violemment.

Hadès, je te défie, tu ne me prendras personne ce soir ! J’ai récupéré la vie de Death ce n'est pas pour te laisser celle de Kowu !
Rends moi mon remède, Lya... C'est pour la sortir de ma tête...

Lya le prit dans ses bras et le serra fort contre elle. Elle se mit à le bercer. Kowu semblait totalement déboussolé, et la frénésie de tout à l'heure semblait avoir disparut, pourtant il restait comme figé, glacé dans le temps. Lya commença alors à fredonner et passa une main dans les cheveux de Kowu, qui ne semblait pas percevoir ce qui se passait autour de lui...

Là ça va aller Kowu… Tout va bien… Kowu reviens avec moi...
Je l'ai tuée...
S'il te plait....
Elle est morte...
J'ai besoin de toi… J'ai besoin de ton amitié...
Elle a disparu...
Oui je sais Kowu, n'est-ce pas ce que tu voulais?

Lya n'arrêtait pas de bercer l'Elfe. Il avait les mains qui tremblaient tant la douleur était intense.

N'est-ce pas mieux ainsi?
Elle a disparu. Je l'ai tuée...
Kowu... C'était le mal... Elle n'a jamais rien fait d'autre que le mal... Kowu...

Lya arrêta de le bercer et se reculant et prenant ses mains dans les siennes. Elle vit les blessures qu’elles portaient. Kowu, lui, continuait à divaguer.

C'est fini, n'est-ce pas ? Je vais finir maintenant ?
Kowu... C'est finit... Mais moi je suis là maintenant...
Je peux partir ?
Partir?
C'est fini, n'est-ce pas ?
Tu m'as dit que les voix étaient parties que c'était finit ...
Elle est morte.
Oui Maelinda est morte, ou plutôt devrons nous dire qu'elle est morte à nouveau.. Elle était morte depuis longtemps et tu le sais.
Maelinda... Je l'ai tuée...

Lya caressa tendrement la joue de Kowu. Cela sembla l’apaiser, finalement, car une lueur d’espoir apparut dans ses yeux. Kowu regarda ses mains ensanglantées. Ce fut son premier mouvement volontaire.

Allez viens rentrons à l'auberge...

Kowu regarda les os fragmentés. Il les rassemble en tas, et les replaça dans son sac. Il avait encore une dernière chose à faire pour en terminer définitivement avec elle.

Kowu? Que fais-tu?
Elle doit mourir, n'est-ce pas ?
Non Kowu elle est déjà morte !

Kowu se releva, semblable à un zombie puis se dirigea vers la taverne. Il dit d'une voix décidée, alors que Lya le suivait, attentive à ses moindres gestes :

Elle doit mourir !

Kowu rentra à pas lents dans la taverne, suivi de près par Lya. Il marcha en direction de la cheminée et il y lança les restes de Maelinda, attendant en vain qu’ils se consument car il n’avait pas vu que la cheminée n’était pas allumée. Lya lui donna des allumettes pour qu’il fasse l’action lui-même, qu’il se libère seul.
Il admira la petite flamme sur l’allumette pendant quelques secondes, puis il mit enfin le feu aux bûches de la cheminée.
Lorsque les flammes firent leur apparition, le corps de Maelinda lui apparut dans la cheminée. Elle hurlait. Instantanément, il ferma les yeux pour ne pas voir la jeune femme brûler vive, pour ne pas souffrir de son dernier maléfice. Il se boucha les oreilles, sentant tout près de lui la présence rassurante de Lya.

Au revoir Maelinda… Que ton âme trouve le repos !

Lorsqu'il ouvrit les yeux, tout fut terminé. Il était libre !

Lya... Lya ?

Lya avait le regard perdu dans les flammes de la cheminée. Elle se tourna vers Kowu, l'air plus las et fatigué que jamais. Lorsqu’il regarda Lya, ensanglantée, il tomba à la renverse, croyant que sa vision dans le patio se révélait être vraie. La Femme Sauvage rattrapa Kowu avec le peu d'énergie qui lui restait.

Hey Kowu... Tu me fais quoi là?
Lya ? Tu... Tu es réelle ?

Lya se toucha le visage en riant, et il rit avec elle. Il lui sembla qu’il évacuait toute la pression accumulée. Kowu voulut lui toucher le visage, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas une chimère. Elle se laissa faire avec le sourire, et il put voir qu’elle était de chair et d’os, comme lui. Mais il vit le sang sur la Femme Sauvage, et l’inquiétude revint une nouvelle fois dans son regard.

Tu es blessée ?
Blessée moi? Nan je ne crois pas…

Kowu ferma les yeux, et les images défilèrent. Il se souvenait de tout. Tout dans le moindre détail. Et pourtant il lui semblait que les actions qu’il avait accomplies n’étaient pas de son fait. Il regarda ses mains et grimaça.

Qui est blessé ?
Death... Mais je crois que j'ai fait du bon boulot...

Lya porta son doigt coupé à la bouche et se mit à le sucer, le sang s'étant remis à perler. Kowu soigna habilement le doigt de Lya, et il lui demanda de lui passer du baume partout où il s’était blessé. Il la remercia, l'entraînant vers un sofa pour s'asseoir près d'elle.

Merci, Lya... Merci...

Kowu fut soudain attiré par un murmure provenant de la cheminée, et il tourna la tête pour regarder les flammes... Soudain, une forte haine le submergea. L'effort intense qu'il fit pour repousser cette haine entama ses dernières réserves, et lorsqu'il éradiqua une bonne fois pour toute l'esprit de Maelinda, la Blanche morte, il sombra dans l'inconscience, roulant à terre.
Lya le rattrapa et l'installa de l’autre côté du sofa, elle pris la tête du géant sur une de ses cuisses et la tête de Kowu sur l'autre puis elle ferma les yeux, sombrant à son tour dans l'inconscience !

HRP/Voilà qui clos cette chronique. Et voilà qui met fin aux malveillances de Maelinda./HRP